culture en serre d'aubergines avec pièges
Art3-ct86 (2015)

3- La protection intégrée : alternative efficace au "tout phytosanitaire". Retour d'expérience de l'Unité de recherche Inra en Génétique et amélioration des fruits et légumes

En 15 ans, associant mesures prophylactiques et moyens de lutte biologique, les pratiques expérimentales de l'Unité GAFL (Inra) se sont transformées (arrivée régulière de bioagresseurs et diminution de leur nombre en dessous d'un seuil de nocivité) .

Auteur(s)

Maurice Jullian1, Véronique Lefebvre

Résumé

Dès les années 2000, l’Unité de Recherche en Génétique et amélioration des fruits et légumes (GAFL, INRA) avait constaté la perte d’efficacité des applications de produits phytosanitaires sur la protection des cultures dans ses espaces confinés et extérieurs ; ce constat suggérait clairement l’adaptation des populations de bioagresseurs aux méthodes de lutte chimique. L’Unité décide alors collégialement d’appliquer sur son site la protection biologique intégrée, qui connait ses premiers succès sur les cultures de fruits et légumes dans les centres expérimentaux des alentours et à l’étranger.

La mise en œuvre de cette solution alternative nécessitait une analyse globale et en profondeur de l’écosystème du site et des contraintes expérimentales liées aux programmes de recherche développés par l’Unité. Les mesures prises ont donc ciblé d’abord l’environnement écosystémique du site, les infrastructures expérimentales, les pratiques culturales et le comportement du personnel y travaillant, et enfin bien sûr la conduite de la culture elle-même. Elles se sont appuyées sur l’association de multiples mesures prophylactiques et de moyens de lutte biologique.

En 15 ans, les pratiques expérimentales de l’Unité GAFL se sont profondément transformées pour arriver à une situation d’équilibre stable sur le long terme entre l’arrivée régulière de bioagresseurs et la diminution de leur nombre en dessous d’un seuil de nocivité grâce à l’installation d’auxiliaires indigènes ou d’élevage. La réussite de cette méthode de lutte exige une surveillance quotidienne du site au sens large (abords, infrastructures, plante à plante) ainsi qu’une réactivité accrue dès l’apparition d’un foyer infectieux. L’équilibre entre ravageurs et auxiliaires est fragile ; son maintien repose sur l’implication de l’ensemble du personnel, celui dédié au suivi des installations expérimentales et celui des équipes de recherche intervenant sur les plantes ; il demande, en outre, des actions de formation et de communication continues au sein de l’Unité. Les efforts consentis par le collectif du GAFL sur les 15 dernières années ont permis ainsi de réduire les applications de produits phytosanitaires de près de 80% et contribuent aujourd’hui à la fois à offrir un lieu de travail sain à son personnel, ainsi qu’à maintenir une certaine harmonie avec l’environnement.

Mots clés

protection biologique intégrée, ravageurs, auxiliaires, fruits et légumes, écosystème