Art7-2022_Castella
Art7-2022

Un olfactomètre tubulaire dynamique pour évaluer l’effet répulsif des plantes sur les pucerons

Les plantes de service (PdS) répulsives pourraient être une alternative intéressante aux insecticides de synthèse pour le contrôle des pucerons ravageurs de cultures. Mais pour utiliser les PdS dans des modèles agronomiques, il faudrait pouvoir étudier leur capacité répulsive. À l’Unité de recherche « Plante et Système de culture Horticole » (INRAE, Avignon), nous avons développé un outil qui permet cela : l’olfactomètre tubulaire en flux d’air dynamique.

Auteur(s)

Claude Castella1; Hélène Gautier1; Emma Dieudonné1; Guy Costagliola1; Alexandre Gorit1; Laurent Gomez1

Résumé

Les pucerons sont d’importants ravageurs des cultures d’autant plus difficiles à contrôler que l’usage d’insecticides de synthèse est de plus en plus contraint par la législation (plan Ecophyto II+). L’utilisation de plantes de service (PdS) répulsives, en revanche, pourrait être, à terme, un levier de contrôle de ces ravageurs : certaines plantes ont, en effet, la capacité d’émettre des composés organiques volatils (COV) pouvant perturber l’installation et la reproduction de ces insectes. En association avec les plantes de rente, les PdS pourraient ainsi maintenir les populations de pucerons à un niveau d’atteinte des cultures économiquement acceptable pour les agriculteurs. L’étude des PdS, et notamment de leur capacité répulsive, constitue donc un pré-requis indispensable à leur utilisation dans des modèles agronomiques. L’outil de choix pour cela est l’olfactomètre qui permet d’étudier l’effet des odeurs sur le déplacement des insectes. Cependant, les olfactomètres actuellement disponibles sont essentiellement utilisés pour mesurer des phénomènes d’attraction (vers les phéromones par exemple) et ne permettent de réaliser des tests de choix qu’entre plusieurs sources d’odeurs. S’ils sont parfois utilisés pour mesurer un effet répulsif, c’est seulement de façon indirecte : l’insecte se dirigeant vers l’odeur qui lui est le moins désagréable. Enfin, ils ne permettent de tester que peu d’individus en simultanée et mobilisent donc beaucoup de temps. À l’Unité de recherche « Plante et Système de culture Horticole » (INRAE, Avignon), nous avons mis au point un olfactomètre tubulaire en flux d’air dynamique d’un genre nouveau, qui permet d’étudier directement l’effet répulsif de PdS sur une cohorte de pucerons (+ de 40 individus en simultanée). Cet outil nous permet également, à tout moment durant le test de répulsion, de capter les odeurs (COV) émises par les plantes sur des dispositifs tels que cartouche Tenax® et fibre de SPME, puis de caractériser les COV émis par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (CPG-SM). De plus, le dispositif est équipé de caméras permettant de suivre le comportement des insectes en temps réel et d’établir un indice de répulsion (IR) pour chaque modalité puceron-plante. Le dispositif a été validé par des tests sur PdS mais aussi sur des témoins négatifs (plantes hôtes ou absence d’odeurs) et positifs (βß-farnésène). Enfin, ce dispositif a été conçu pour être évolutif : il est démontable et adaptable à d’autres types d’expérimentations et à différentes sources d’odeurs.

Mots clés

Olfactomètre, répulsion, plantes de service, pucerons, agroécologie.

 

Date de modification : 28 août 2023 | Date de création : 11 octobre 2022 | Rédaction : Sylvie Niollet